Une nouvelle semaine se profile, l’automne s’installe petit à petit. J’ai fait le plein de toiles à peindre. J’hésite encore sur le fond à préparer, peu-être du rose. J’ai peint tout l’été sur du rouge.
Un artiste peintre contemporain se doit d’innover tout le temps s’il veut être en accord avec son temps. Pas le temps des autres ou des valeurs que l’on veut lui inculquer. L’artiste a besoin de sa propre temporalité. Celle de son oeuvre et de sa vie mélangées, deux forces souvent contradictoires, l’eau et l’huile. Quand l’équilibre est trouvé , à la limite du figuratif et de l’abstrait , que de l’impression et de l’expression on ne puisse distinguer les séquences picturales.
Il est là le travail de ma vie artiste trouver une voie jusque là inconnue .Mais cette voie se fera toujours dans la sincérité et l’abnégation. Je conduit mon art non pas comme un artisan dont le geste répétitif mène à la perfection de la tâche accomplie , mais tout de même j’essaie de respecter le sillon que j’ai tracé en m’accordant la liberté de temps en temps de sortir de mes gongs et de péter les plombs.
J’attache beaucoup de sens à cette notion d’équilibre. Il y eu un temps ou pour moi où art rimait avec outrage. C’était un défouloir, j’éructai plus que je ne peignai, je jouai à l’artiste et ne respectai ni mon art, ni moi même.Heureusement au fur et à mesure que les toiles s’enchaînaient l’artiste qui est en moi su prendre le dessus. D’un artiste ventral je passai à un artiste cérébral,je fais mon chemin. Qui sait les aléas de la vie feront peu-être que mon ventre se torde de douleur à nouveau et que se besoin de violenter la toile revienne encore plus fort.
Et alors là, comme Karl Appel je prendrai la peinture avec des sabres et non aux couteaux. Plus de demi mesure, je mettrai le paquet, l’encre de Chine au seau, l’aquarelle à la casserole, l’acrylique au karcher. Nom d’une pipe quitte à avoir envie de tout déchirer autant employer les grands moyens. Alors s’en sera fini de l’équilibre, la roue aura tournée ,comme l’enfant qui rentre dans le ventre de sa mère, je retournerai au sens primitif de mon art. L’expression pure et dure de ce que mes émotions exacerbés. Peu-être ne serai-je bon après tout qu’à vomir,chier,rôter sur la toile.
Sûrement pas, je m’emporte, mais qu’en j’en parle, je revit ces moment là. J’étais si malheureux, je souffrais tant. Toute la violence que je transportais était retranscrit sans ménagement.
J’ai mal quand le spectateur innocent me dit qu’il aime ce que j’en ai fait. Pourtant rien de réfléchit juste le mal-être d’un homme qui souffrait.
Ce qui m’étonne le plus, c’est que je retrouve les même séquences picturales dans les oeuvres de peintres contemporains connus ou inconnus. Je me suis aperçu que les couleurs dans ma série intitulé « Humanité » se retrouvaient dans les compositions de peintres ayant vécus les mêmes souffrances que moi.
Le titre de cette série m’est venue comme çà, il s »est imposé à moi s’en que sur le coup je sache pourquoi. Dix-huit mois plus tard, j’ai compris qu’il y a des douleur et des douleurs qui sont universelles. On les vit et on les partage de la même façon.
Dans ce tableau comme dans tous les autres ,on me voit la tête baissé, ayant du mal a avancé, luttant contre la fatalité, mes deux enfants me suivant juste derrière moi.