Je l’ai déjà dit souvent , ce qui m’a fait dire très jeune que je serais peintre c’est une oeuvre de Vincent van Gogh : « l’église à Auvers sur Oise ». Ce n’est pas un tableau au premier abord facile. Une église toute torturé, un ciel menaçant, une femme le dos tourné, deux chemins de part et d’autre de l’église. Mais voilà moi j’ai tout de suite été touché par cette oeuvre, j’ai vu dans cette représentation ce qu’allait être ma vie future. Des chemins à prendre, peu importe lequel, puisqu’ils se rejoignent derrière l’église. Et quand fin de compte ils me mèneraient l’un comme l’autre à la peinture. Je l’ai toujours su. La vie romanesque de Vincent m’a toujours fascinée. Je pensais qu’il fallait qu’il paye son talent immense au prix fort. Non pas par sadisme de ma part, mais que tous, sur cette terre, on héritait d’un côté pile et d’un côté face. Le bonheur on le reçoit par petites touches et son pendant néfaste devait aussi nous accabler qui que l’on soit. A bien des égards j’étais un fataliste et acceptais bon gré mal gré les aléas de la vie.
A 20 ans c’est Dali qui m’a pris par la main, j’étais subjugué par ce peintre surréaliste et particulièrement par sa façon de distendre le temps dans ses tableaux. Les montres molles par exemple donnait une relativité certaine (pour moi) à ce que l’on vivait au moment passé, présent ou futur. Donc la peinture me donnait à réfléchir. Et avec Salvador c’est pas du facile, j’ai eu du mal à tout décripter. Je confesse qu’aujourd’hui j’ai pas encore tout compris.
Puis vînt le temps ou je les ai tous jeté aux orties, je me suis renfermé, la mort de mon père quelques années plus tôt prenait toute la place dans mon esprit. J’allait me consacrer au collage et chercher au plus profond de moi ce qui me faisait si mal. L’alcohol , la drogue, le travail seront pendant des années la prison de ma sensibilité et je faisait souvent référence à Kafka, j’ouvrais une porte et je me retrouvais devant une autre, encore plus compliqué à ouvrir.Je n’acceptait pas d’être aidé, j’étais trop fier.
Puis c’est la maladie , la crise cardiaque , ma chance de tout remettre à plat. J’étais encore vivant et je me disais qu’il fallait que je saisisse cette deuxième chance à bras le corps. Je commençais par prendre des cours de peinture à l’huile avec le peintre catalan Françesco Vilaplana Esteve . Pendant un an et demie je le rejoignais tout les mercredi chez lui près de Lusignac. Et revenais à mes premiers amours Vincent van Gogh, Claude Monet, Paul Cézanne, Pierre Auguste Renoir et bien d’autre peintres impressionnistes que j’allais scruter, dévorer des yeux, copier, aimer , adorer. Pendant cinq ans j’étudiais sans le savoir ce qui fera ma peinture plus tard. Entre temps j »ai repris le travail, mais après bien des harcèlements, un burn out, et la mort de Nathalie il était temps de me consacrer entièrement à la peinture et à l’éducation de mes enfants. Il fallait que je survive et je puisais dans la peinture la force et l’énergie de continuer.
Mes maîtres et amis ont étés d’un grand secours, aujourd’hui j’aime les peintres contemporains que sont Jouenne, Lefranc, Bouisssou,Kervinec,Surin, Fontaine, Cenac….
Je peins ma vie comme me peins ma destiné, et je l’espère pleine de couleurs chaudes et chatoyantes…